samedi 25 avril 2015

La Nuit . Die Nacht . شب

      بوف کور  : صادق هدایت

          شب

       « On ne m’avait pas appris à regarder la nuit et à l’aimer »

                                                      Sadegh Hedayat, La Chouette aveugle, trad. du persan par Roger Lescot, José Corti, 1969, p.111 



  
                                                                                      DAS NACHTLIED

   « Nacht ist es: nun reden lauter alle springenden Brunnen.Und auch meine
Seele ist ein springender Brunnen.
   Nacht ist es: nun erst erwachen alle Lieder der Liebenden. Und auch meine
Seele ist das Lied eines Liebenden.
   Ein Ungestilltes, Unstillbares ist in mir; das will laut werden. Eine Begierde
nach Liebe ist in mir, die redet selber die Sprache der Liebe.
   Licht bin ich: ach, dass ich Nacht wäre! Aber diess ist meine Einsamkeit,
dass ich von Licht umgürtet bin.
   Ach, dass ich dunkel wäre und nächtig! Wie wollte ich an den Brüsten des
Lichts saugen!
   Und euch selber wollte ich noch segnen, ihr kleinen Funkelsterne und
Leuchtwürmer droben! – und selig sein ob eurer Licht-Geschenke.»


                                                                                 LE CHANT DE LA NUIT
 
     « Il fait nuit : voici que s’élèvent plus haut toutes les voix des fontaines jaillissantes. Et mon âme, elle aussi, est une fontaine jaillissante.
   Il fait nuit : voici que s’éveillent tous les chants des amoureux. Et mon âme aussi est un chant d’amoureux.
   Quel est en moi cet inapaisé, cet inapaisable qui veut élever la voix ! Il y a en moi un désir d’amour qui parle lui-même le langage de l’amour. 
   Je suis lumière : ah ! que ne suis-je nuit ! Mais ceci est ma solitude d’être ceint de lumière.
   Hélas ! que ne suis-je ombre et ténèbres ! Comme j’étancherais ma soif aux seins de la lumière !
   Et vous-mêmes, je vous bénirais, petits astres scintillants, vers luisants du ciel ! et la lumière que vous me donneriez me remplirait de félicité.»
                   Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Maurice Betz, deuxième partie. Le Livre de Poche classique, 1963, p.123


   « La nuit s’en allait à pas de loup, comme si elle s’était suffisamment reposée de ses fatigues. Des bruits lointains et légers se faisaient entendre. Peut-être un oiseau migrateur rêvait-il. Peut-être les plantes croissaient-elles. Les pâles étoiles disparurent derrière des paquets de nuages. Je sentis sur mon visage le souffle doux du matin. Le chant du coq s’éleva au loin.» 
     Sadegh Hedayat, ibid. p. 55









Liens :
 - S. Hedayat, écrivain, traducteur en persan notamment de Kafka, est mort à Paris et est enterré au Père Lachaise : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sadegh_Hedayat
 - A propos de La Chouette aveugle : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chouette_aveugle
 - en persan : http://fa.wikipedia.org/wiki/%D8%A8%D9%88%D9%81_%DA%A9%D9%88%D8%B1
 - A propos de Nietzsche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche
 - A propos de Ainsi parlait Zarathoustrahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Ainsi_parlait_Zarathoustra
 - Nietzsche, auf Deutsch: "Carl Pietzcker, Das Nachtlied in F. Nietzsches Also sprach Zarathustra" : http://www.freidok.uni-freiburg.de/volltexte/3476/pdf/Pietzcker_Aber_ich_lebe_in_meinem_eigenen_Lichte.pdf
 - sur Zoroastre, ou Zarathoustra (en Persan زرتشت,) voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Zoroastre

N.B. : dernière illustration: dessins de Sadegh Hedayat; ils illustraient l’édition originale persane  de "La Chouette aveugle" et se trouvent reproduits dans l'édition plus haut référencée.