vendredi 24 novembre 2017

Quand brûle le ciel de Marina




D’où me vient la tendresse ?
J’ai caressé d’autres boucles
Et j’ai connu des lèvres
Plus sombres que les tiennes.

Les étoiles s’allumaient et mouraient
(D’où me vient la tendresse ?)
Et les yeux s’allumaient et mouraient
Plongés dans mon regard.

J’ai entendu d’autres chants
Dans la nuit sombre et noire
(D’où me vient la tendresse ?)
La tête sur le cœur du chanteur.

D’où me vient la tendresse ?
Et que puis-je en faire, adolescent
Malicieux, chanteur vagabond,
Aux cils plus longs que longs ?
18 février 1916
                                        Marina Tsvétaïéva, Le ciel brûle, trad. P. Léon et E. Malleret, Gallimard, Poésie, p.56




Baiser au front – c’est effacer l’ennui.
Je baise au front.

Baiser les yeux – c’est tuer l’insomnie.
Je baise les yeux.

Baiser les lèvres – c’est donner à boire.
Je baise les lèvres.

Baiser au front – c’est effacer la mémoire.
Je baise au front.

                                                                 5 juin 1917



Marina Tsvétaïéva, ibidem, p.74

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Photo 1Performance Graff par LOOP. Palissade de la Commanderie. Corbeil, mai 2017
Liens
      ¤  à propos de Marina Tsvétaïéva : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Tsveta%C3%AFeva