Como la marejada verde de marzo en el campoEntre los años de sequía te abres pasoNuestras miradas se cruzan se entrelazanTejen un transparente vestido de fuegoUna yedra dorada que te cubreAlta y desnuda sonríes como la catedral el día del incendioCon el mismo gesto de la lluvia en el trópico lo has arrasado todoLos días harapientos caen a nuestros piesNo hay nada sino dos seres desnudos y abrazadosUn surtidor en el centro de la piezaManantiales que duermen con los ojos abiertosJardines de agua flores de agua piedras preciosas de aguaVerdes monarquíasLa noche de jade gira lentamente sobre sí mismaOctavio Paz, Libertad bajo palabra, Obra poetica (1935-1957), 1960, Letras mexicanas, Fondo de cultura económica, p.137
Tu te frayes un chemin parmi les années de sécheresseNos regards se croisent s’entrelacentTissent un vêtement de feu transparentUn lierre doré qui te couvreGrande et nue tu souris comme la cathédrale au jour de l’incendieAvec le même geste que celui de la pluie dans les tropiques tu as tout araséLes jours en loques tombent à nos piedsIl n’y a plus rien que nos deux êtres nus et embrassésUn jet d’eau au centre de la pièceDes sources qui dorment les yeux ouvertsDes jardins d’eau des fleurs d’eau des pierres précieuses d’eauDe vertes monarchiesLa nuit de jade tourne lentement sur elle-même(traduction personnelle)
EVADNEL'été et notre vie étions d'un seul tenantLa campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante
Avidité et contrainte s'étaient réconciliées
Le château de Maubec s'enfonçait dans l'argile
Bientôt s'effondrerait le roulis de sa lyre
La violence des plantes nous faisait vaciller
Un corbeau rameur sombre déviant de l'escadre
Sur le muet silex de midi écartelé
Accompagnait notre entente aux mouvements tendres
La faucille partout devait se reposer
Notre rareté commençait un règne
(Le vent insomnieux qui nous ride la paupière
En tournant chaque nuit la page consentie
Veut que chaque part de toi que je retienne
Soit étendue à un pays d'âge affamé et de larmier géant)
C'était au début d'adorables années
La terre nous aimait un peu je me souviens.
René Char, Fureur et Mystères, Poésie Gallimard, p.61
Liens :
¤ Octavio Paz sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Octavio_Paz
Encore de très belles choses...
RépondreSupprimerMerveilleux poème d'Octavio Paz
Lumineux rapprochement.
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