Or je
trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en
cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce
qui n’est pas de son usage.
Montaigne *
Références :
* Montaigne, Les Essais (éd.de 1595), chap. XXX, "Des Cannibales", Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 2007, p.211
Photo : Frise de l'Iliade et de la guerre de Troie. Maison de D. Octavius Quartio.Pompéi (ph.pers.)
Liens :
Frise de l'Iliade et de la guerre de Troie. Pompéi. |
Gulliver’s Travels by Jonathan Swift Part One: A Voyage to Lilliput: Chapter 4
[..] our histories of six thousand moons
make no mention of any other regions than the two great empires of Lilliput and
Blefuscu. Which two mighty powers have, as I was going to tell you, been
engaged in a most obstinate war for six–and–thirty moons past. It began upon
the following occasion. It is allowed on all hands, that the primitive way of
breaking eggs, before we eat them, was upon the larger end; but his present
majesty's grandfather, while he was a boy, going to eat an egg, and breaking it
according to the ancient practice, happened to cut one of his fingers.
Whereupon the emperor his father published an edict, commanding all his
subjects, upon great penalties, to break the smaller end of their eggs. The
people so highly resented this law, that our histories tell us, there have been
six rebellions raised on that account; wherein one emperor lost his life, and
another his crown. These civil commotions were constantly fomented by the
monarchs of Blefuscu; and when they were quelled, the exiles always fled for
refuge to that empire. It is computed that eleven thousand persons have at several
times suffered death, rather than submit to break their eggs at the smaller
end. Many hundred large volumes have been published upon this controversy: but
the books of the Big–endians have been long forbidden, and the whole party
rendered incapable by law of holding employments.
[...] nos annales, qui portent sur plus de six mille lunes, ne parlent jamais
d’aucun autre pays au monde que des deux grands Empires de Lilliput et de
Blefuscu ... J'en reviens donc à ce que j’allais vous dire : ces deux
formidables puissances se trouvent engagées depuis trente-six lunes dans une
guerre à mort, et voici quelle en fut l'occasion. Chacun sait qu'à l'origine,
pour manger un œuf à la coque, on le cassait par le gros bout. Or il advint que
l’aïeul de notre Empereur actuel, étant enfant, voulut manger un œuf en
le cassant de la façon traditionnelle et se fit une entaille au doigt. Sur quoi
l’Empereur son père publia un édit ordonnant à tous ses sujets, sous peine des
sanctions les plus graves, de casser leurs œufs par le petit bout. Cette loi
fut si impopulaire, disent nos historiens qu'elle provoqua six révoltes, dans
lesquelles un de nos Empereurs perdit la vie, un autre sa couronne. Ces
soulèvements avaient chaque fois l'appui des souverains de Blefuscu et,
lorsqu'ils étaient écrasés, les exilés trouvaient toujours un refuge dans ce ce
Royaume. On estime à onze mille au total le nombre de ceux qui ont préféré
mourir plutôt que de céder et de casser leurs œufs par le petit bout. On a
publié sur cette question plusieurs centaines de gros volumes; mais les livres
des Gros-Boutiens sont depuis longtemps interdits, et les membres de la secte
écartés par une loi de tous les emplis publics.
Jonathan
Swift, Voyages de Gulliver, 1ière partie, Voyage à Lilliput, trad. J. Pons, Gallimard Folio p.19-20
& & &
* Montaigne, Les Essais (éd.de 1595), chap. XXX, "Des Cannibales", Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 2007, p.211
Photo : Frise de l'Iliade et de la guerre de Troie. Maison de D. Octavius Quartio.Pompéi (ph.pers.)
Liens :
¤ intégrale en anglais de Gulliver's Travels :http://etc.usf.edu/lit2go/177/gullivers-travels/3589/part-one-a-voyage-to-lilliput-chapter-4/
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