"La lecture des journaux fait plus de mal que
le vin, le tabac et les femmes réunis."
Georges Perros 1
ÉCHECVieux journaux jetés dans la cour. Toujours les mêmesrengainesmalversations, crimes, guerres. Que lire?Le soir rouillé tombe. Lumières jaunes.Et eux, qui avaient cru jadis en l'éternité, ont vieilli.De la chambre voisine s'échappe la vapeur du silence. Lesescargotsgrimpent sur le mur. Les cafards se dandinentdans les boites de biscuits en fer.On entend le bourdonnement du vide. Et une grandemain difformescelle la noble et triste bouche de Celuiqui s'est évertué une fois de plus à proférerle mot f l e u r .Karlovassi, 4.VII. 87 .Yannis Ritsos,[2
Le Procès Zola à Versailles - Départ de Zola |
« […] Les journaux, dit le
prince, sont, durant des semaines et des semaines, ma seule distraction, je ne
vis, durant des semaines, que par journaux interposés. J’entre dans les
journaux, j’entre dans le monde. Si l’on me privait d’un jour à l’autre de mes
journaux, je cesserais d’exister, dit-il. Pas de meilleur air que l’air des
journaux, me dis-je souvent. Dans l’air de la montagne, dans l’air de la haute
montagne, docteur, c’est encore l’air des journaux que j’inhale le plus
volontiers. En proie à l’obsession des journaux, je perds des semaines durant
le contrôle de Hochgobernitz. Lire les journaux comme des contes familiers, dit
le prince, c’est souvent pour moi la seule possibilité d’exister
ici.»
Thomas Bernhard, Perturbation, trad. B. Kreiss,
L’Imaginaire Gallimard, p.179-180 [3]
1. Georges Perros, Papiers collés 1, L’Imaginaire/Gallimard, p.114
2. Échec, poème de Yannis Ritsos, in Tard, bien tard dans la nuit, trad.G. Pierrat & M.-L. Coulmin Koutsftis, éd. Le Temps des Cerises, p.30-31
3 Thomas Bernhard, Verstörung, 1967; trad. française, 1989.
Illustration :
¤ "Le Petit Journal" du dimanche 31 juillet 1898, n°402, couverture (photo personnelle)
Liens :
¤ "Le Petit Journal", historique : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Petit_Journal_(quotidien)
Aimer lire les journaux. Y aller à la découverte. Se réjouir certain jour de comprendre mieux quelque aspect du monde. Prendre colère tel autre de voir son quotidien préféré, le sérieux, le fidèle depuis 50 ans, emboîter le pas à toute la titraille qui remue le fumier de la terreur, "Fais-nous 6 pages là-dessus, Coco, parce que c'est ce que les gens attendent". Beurk.
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