mercredi 23 décembre 2015

Der Apfel - La pomme: au four ou arme par destination ?

  

    Gregor* resta donc provisoirement sur le plancher, d’autant qu’il pouvait craindre que, s’il avait pris la fuite par les murs ou par le plafond, son père eût pu voir un raffinement de méchanceté. Il dut cependant s’avouer bientôt qu’il ne tiendrait pas longtemps à cette allure, car pendant que son père faisait un pas, il était obligé d’exécuter toute une série de mouvements. Il commençait déjà à éprouver quelque difficulté à respirer; ses poumons d’ailleurs, même dans les temps anciens, n’avaient jamais été particulièrement dignes de confiance. Tandis qu’il titubait de la sorte, rassemblant toutes ses forces pour la course, ouvrant à peine les yeux, ne pesant plus, dans l’espèce de torpeur où il était, qu’il y avait pour lui d’autres moyens de salut que la course, oubliant presque que les murs étaient là à sa disposition, des murs à vrai dire encombrés de meubles finement sculptés, pleins de dentelures et de pointes –, quelque chose vola près de lui, un objet qu’on venait de lancer avec légèreté et qui se mit à rouler à ses pieds.                              C’était une pomme; une deuxième la suivit aussitôt; Gregor resta sur place, terrorisé; il était inutile de continuer à courir, car son père avait résolu de le bombarder. Il avait vidé la coupe de fruits sur la crédence et s’en était rempli les poches et il tirait, sans se soucier pour l’instant de bien viser. Ces petites pommes rouges roulaient sur le sol comme si elles étaient électrisées et allaient se cogner les unes contre les autres. Une pomme mollement lancée effleura le dos de Gregor et glissa sans provoquer de dommages; mais la suivante vint littéralement s’encastrer dans son dos; Gregor voulut se traîner un peu plus loin, comme si l’épouvantable souffrance qui venait de le surprendre pouvait s’atténuer par un changement de lieu; mais il se sentit cloué sur place et vint s’étaler sur le plancher dans un complet désarroi de tous ses sens.
   * métamorphosé en cancrelat
   Franz Kafka, La Métamorphose [1], trad. Claude David, Folio classique, p.123-124


   Deshalb blieb auch Gregor * vorläufig auf dem Fußboden, zumal er fürchtete, der Vater könnte eine Flucht auf die Wände oder den Plafond für besondere Bosheit halten. Allerdings mußte sich Gregor sagen, daß er sogar dieses Laufen nicht lange aushalten würde, denn während der Vater einen Schritt machte, mußte er eine Unzahl von Bewegungen ausführen. Atemnot begann sich schon bemerkbar zu machen, wie er ja auch in seiner früheren Zeit keine ganz vertrauenswürdige Lunge besessen hatte. Als er nun so dahintorkelte, um alle Kräfte für den Lauf zu sammeln, kaum die Augen offenhielt; in seiner Stumpfheit an eine andere Rettung als durch Laufen gar nicht dachte; und fast schon vergessen hatte, daß ihm die Wände freistanden, die hier allerdings mit sorgfältig geschnitzten Möbeln voll Zacken und Spitzen verstellt waren – da flog knapp neben ihm, leicht geschleudert, irgend etwas nieder und rollte vor ihm her. Es war ein Apfel; gleich flog ihm ein zweiter nach; Gregor blieb vor Schrecken stehen; ein Weiterlaufen war nutzlos, denn der Vater hatte sich entschlossen, ihn zu bombardieren.
   Aus der Obstschale auf der Kredenz hatte er sich die Taschen gefüllt und warf nun, ohne vorläufig scharf zu zielen, Apfel für Apfel. Diese kleinen roten Äpfel rollten wie elektrisiert auf dem Boden herum und stießen aneinander. Ein schwach geworfener Apfel streifte Gregors Rücken, glitt aber unschädlich ab. Ein ihm sofort nachfliegender drang dagegen förmlich in Gregors Rücken ein; Gregor wollte sich weiterschleppen, als könne der überraschende unglaubliche Schmerz mit dem Ortswechsel vergehen; doch fühlte er sich wie festgenagelt und streckte sich in vollständiger Verwirrung aller Sinne.
   * zu einem Ungeziefer verwandelt
   Franz Kafka, Die Verwandlung (http://gutenberg.spiegel.de/buch/die-verwandlung-165/13)

 






MATIN D’HIVER

   Chacun d’entre nous a cette fée qui accorde un vœu. Mais rares sont ceux qui savent se souvenir du souhait qu’ils formulèrent ; aussi, rares sont ceux qui reconnaissent plus tard dans leur propre vie leur vœu exaucé. Je sais celui qui pour moi se réalisa et je ne veux pas dire qu’il ait été plus malin que celui des enfants des contes de fées. Il se forma en moi avec la lampe, lorsque, les petits matins d’hiver, à six heures et demie, elle s’approchait de mon lit et projetait sur la couverture l’ombre de la bonne. Celle-ci allumait le feu dans le poêle. Bientôt la flamme, comme reléguée dans un tiroir beaucoup trop petit, où elle pouvait à peine remuer à cause du charbon, me regardait. Et pourtant c’était quelque chose de si violent qui, tout proche de moi, plus petit que moi, commençait là à s’installer et vers lequel la bonne devait se pencher plus en avant que pour moi. Lorsque cette flamme était alimentée, la bonne mettait une pomme à cuire dans le petit four du poêle. Le treillage de la porte de la cheminée se dessinait bientôt dans un vacillement rouge sur le parquet. Et il semblait à ma fatigue qu’elle en avait assez pour le jour avec cette image. C’était toujours ainsi à cette heure : seule la voix de la bonne troublait la cérémonie avec laquelle le matin d’hiver avait coutume de me confier aux choses de ma chambre. La jalousie n’était pas encore hissée lorsque je faisais déjà glisser pour la première fois le verrou de la porte du poêle pour examiner la pomme dans son four. Quelquefois elle avait à peine modifié son arôme. Je patientais alors jusqu’à ce que je crusse  flairer l’odeur spumescente qui venait d’une cellule de la journée d’hiver bien plus profonde et plus secrète encore que l’odeur du sapin le soir de Noël. Le fruit était là, la pomme qui, familière et pourtant métamorphosée comme un ami intime  qui était parti en voyage, s’approchait de moi. C’était le voyage à travers le sombre pays de la chaleur du poêle dont elle avait tiré les arômes de toutes les choses que le jour me réservait. Aussi n’était-il pas étonnant que, au moment où je réchauffais mes mains sur ses joues luisantes, je fusse toujours pris d’une hésitation à la mordre. Je devinais que le savoir éphémère qu’elle m’apportait dans son odeur pouvait bien trop facilement m’échapper sur le chemin de ma langue. Ce savoir me donnait parfois tant de cœur qu’il me consolait encore quand j’étais en route pour l’école. Une fois que j’étais arrivé là-bas, il est vrai, au contact de mon banc, toute la fatigue qui me paraissait enfuie revenait décuplée. Et avec elle ce souhait : pouvoir dormir mon saoul. Je l’ai bien formulé mille fois et plus tard il fut exaucé réellement. Pourtant il fallut longtemps avant que je le reconnaisse exaucé, dans la vanité de tous mes espoirs d’avoir une situation et le pain assuré.
   Walter Benjamin, Enfance berlinoise vers mil neuf cent, in Sens unique précédé de Enfance berlinoise [2] 10/18, Domaine étranger p.28-29

                                                               WINTERMORGEN

   Die Fee, bei der er einen Wunsch frei hat, gibt es für jeden. Allein nur wenige wissen sich des Wunsches zu entsinnen, den sie taten; nur wenige erkennen darum später im eignen Leben die Erfüllung wieder. Ich weiß den, der mir in Erfüllung ging, und will nicht sagen, daß er klüger gewesen ist als der der Märchenkinder. Er bildete sich in mir mit der Lampe, wenn sie am frühen Wintermorgen um halb sieben sich meinem Bette näherte und den Schatten des Kindermädchens an die Decke warf. Im Ofen wurde Feuer angezündet. Bald sah die Flamme, wie in ein viel zu kleines Schubfach eingepfercht, wo sie vor Kohlen kaum sich rühren konnte, zu mir hin. Und doch war es ein so Gewaltiges, das dort in nächster Nähe, kleiner als ich selbst, sich einzurichten anfing, und zu dem die Magd sich tiefer bücken mußte als zu mir. Wenn es versorgt war, tat sie einen Apfel zum Braten in die Ofenröhre. Bald zeichnete sich das Gatter der Kamintür im roten Flackern auf der Diele ab. Und meiner Müdigkeit kam vor, sie habe an diesem Bilde für den Tag genug. So war es um diese Stunde immer; nur die Stimme des Kindermädchens störte den Vollzug, mit dem der Wintermorgen mich den Dingen in meinem Zimmer anzutrauen pflegte. Noch war die Jalousie nicht hochgezogen, da schob ich schon zum erstenmal den Riegel der Ofentür beiseite, um dem Apfel in seiner Röhre nachzuspüren. Manchmal hatte er sein Arom noch kaum verändert. Und dann geduldete ich mich, bis ich den schaumigen Duft zu wittern glaubte, der aus einer tieferen und verschwiegeneren Zelle des Wintertages kam als selbst der Duft des Baums am Weihnachtsabend. Da lag die dunkle, warme Frucht, der Apfel, der sich, vertraut und doch verändert wie ein guter Bekannter, der verreist war, bei mir einfand. Es war die Reise durch das dunkle Land der Ofenhitze, der er die Arome von allen Dingen abgewonnen hatte, welche der Tag mir in Bereitschaft hielt. Und darum war es auch nicht sonderbar, daß immer, wenn ich an seinen blanken Wangen meine Hände wärmte, ein Zögern mich beschlich, ihn anzubeißen. Ich spürte, daß die flüchtige Kunde, die er in seinem Dufte brachte, allzu leicht mir auf dem Wege über meine Zunge entkommen könne. Jene Kunde, die mich manchmal so beherzte, daß sie mich noch auf dem Marsch zur Schule tröstete. Dort angelangt, kam freilich bei Berührung mit meiner Bank die ganze Müdigkeit, die erst verflogen schien, verzehnfacht wieder. Und mit ihr jener Wunsch: ausschlafen zu können. Ich habe ihn wohl tausendmal getan und später ging er wirklich in Erfüllung. Doch lange dauerte es, bis ich sie darin erkannte, daß noch jedesmal die Hoffnung, die ich auf Stellung und ein sicheres Brot gehegt hatte, umsonst gewesen war.
   Walter Benjamin, Berliner Kindheit um 1900                                                                                                                                                            http://gutenberg.spiegel.de/buch/berliner-kindheit- )um-neunzehnhundert-6571/2 )



 

[1] En allemand : Die Verwandlung (1916)
[2] En allemand : Berliner Kindheit um 1900 (1950)

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