“Je suis gai !
C’est comme si je voyais ces sapins, "Un chêne vert au creux de l'anse.
ces érables, ces bouleaux, pour la
première fois de Sa chaîne d'or fixée au tronc [...]
ma vie. Ils me regardent avec curiosité, ils attendent ... Pouchkine
Qu’ils
sont beaux, ces arbres, et comme la vie devrait "У лукоморья дуб зеленый;
être belle auprès d’eux!” Златая цепь на дубе том:"
L’arbre et le
langage
« Je grimpai sur un talus et m’allongeai sous un arbre. L’arbre était un peuplier ou un aulne. Pourquoi n’ai-je pas retenu son espèce ? Parce que, pendant que je regardais son feuillage et que je suivais son mouvement, il s’empara du langage en moi avec une telle brusquerie, qu’à l’instant s’accomplirent encore une fois en ma présence les noces antiques de l’arbre et du langage. Les branches et avec elles la cime se balançaient en délibérant ou pliaient en refusant ; les rameaux se montraient affectueux ou hautains ; le feuillage se rebellait contre un rude courant d’air, frissonnait devant lui ou l’affrontait ; le tronc disposait d’un fond solide sur lequel il prenait pied ; et une feuille projetait son ombre sur l’autre. Un vent léger jouait pour célébrer les noces, et aussitôt il dispersa partout dans le monde, en paroles imagées, les enfants jaillis de ce lit. »
Walter Benjamin, Brèves ombres (II), in Critique de la violence, Petite Bibliothèque
Payot/philosophie/, trad. N. Casanova, p.148-149
Der Baum und die Sprache
Ich stieg eine Böschung hinan und legte mich unter einen Baum. Der Baum war
eine Pappel oder eine Erle. Warum ich seine Gattung nicht behalten habe? Weil,
während ich ins Laubwerk sah und seiner Bewegung folgte, mit einmal in mir die
Sprache dergestalt von ihm ergriffen wurde, daß sie augenblicklich die uralte
Vermählung mit dem Baum in meinem Beisein noch einmal vollzog. Die Äste und mit
ihnen auch der Wipfel wogen sich erwägend oder bogen sich ablehnend; die Zweige
zeigten sich zuneigend oder hochfahrend; das Laub sträubte sich gegen einen
rauhen Luftzug, erschauerte vor ihm oder kam ihm entgegen; der Stamm verfügte
über seinen guten Grund, auf dem er fußte; und ein Blatt warf seinen Schatten
auf das andre. Ein leiser Wind spielte zur Hochzeit auf und trug alsbald die
schnell entsprossenen Kinder dieses Betts als Bilderrede unter alle Welt.
Walter Benjamin, Kurze Schatten (1933). http://www.textlog.de/benjamin-baum-sprache-kurze-schatten.html
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[2] A.Pouchkine, Prologue de "Rouslan et Ludmila".
Trad. G. Arout. Walter Benjamin, Kurze Schatten (1933). http://www.textlog.de/benjamin-baum-sprache-kurze-schatten.html
" Comme un arbre dans la ville
J'ai des chansons sur mes feuilles
Qui s'envoleront sous l’œil
De vos fenêtres serviles
Comme un arbre dans la ville "
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Photo 2 : photo incluse, Khalil Nemmaoui (Maroc), Série L'Arbre
et la maison, sans titre #29, 2009. Expo Photoquai 2011.
Musique :
Maxime Le Forestier Comme un arbre, album Mon frère (1972)
Liens :
¤ Tchekhov : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anton_Tchekhov
¤ Три сестры — Википедия : : https://www.google.fr/search?q=%D0%A2%D1%80%D0%B8+%D1%81%D0%B5%D1%81%D1%82%D1%80%D1%8B&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=ZHp1VrPsM8j-aZDniogE
¤ Три сестры — Википедия : : https://www.google.fr/search?q=%D0%A2%D1%80%D0%B8+%D1%81%D0%B5%D1%81%D1%82%D1%80%D1%8B&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=ZHp1VrPsM8j-aZDniogE
¤ Pouchkine, Rouslan
et Ludmila : http://www.russievirtuelle.com/mythologie/contesp/prologue.htm
¤ W. Benjamin
: https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Benjamin
[1] Anton Tchekhov,
Les Trois Sœurs, acte IV. Version française de Génia Cannac et Georges
Perros, L.P. n°1448, p.229-230.
En russe ce très beau passage :
En russe ce très beau passage :
Тузенбах : Какие пустяки, какие глупые мелочи иногда приобретают в жизни значение, вдруг
ни с того ни с сего. По-прежнему смеешься над ними, считаешь пустяками, и все
же идешь и чувствуешь, что у тебя нет сил остановиться. О, не будем говорить об
этом! Мне весело. Я точно первый раз в жизни вижу эти ели, клены, березы, и все
смотрит на меня с любопытством и ждет. Какие красивые деревья и, в сущности,
какая должна быть около них красивая жизнь!
Чехов : Три сестры
Александр Сергеевич Пушкин [1]:
Вступление к "Руслану и
Людмиле"
Citation de Pouchkine reprise deux fois (actes I et IV) par Macha dans Les Trois sœurs.
"Il s'empara du langage en moi avec une telle brusquerie"... Il y a ici quelque chose de fondamental dans notre rapport au monde. Quelque chose d'où devrait naître toute poésie. Et la pensée, comme l'exprime puisamment Benjamin dans ce texte léger et magnifique.
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