jeudi 15 octobre 2015

деревья, Baüme, الأشجار ... qu'ils sont beaux, ces arbres !





“Je suis gai ! C’est comme si je voyais ces sapins,                               "Un chêne vert au creux de l'anse.                                   
ces érables, ces bouleaux, pour la première fois de                               Sa chaîne d'or fixée au tronc [...]
ma vie. Ils me regardent avec curiosité, ils attendent ...                               Pouchkine
Qu’ils sont beaux, ces arbres, et comme la vie devrait                            "У лукоморья дуб зеленый;
être belle auprès d’eux!”                                                                           Златая цепь на дубе том:"
   A.Tchekhov[1]                                                                                                                Пушкин [2]




                          


L’arbre et le langage

   « Je grimpai sur un talus et m’allongeai sous un arbre. L’arbre était un peuplier ou un aulne. Pourquoi n’ai-je pas retenu son espèce ? Parce que, pendant que je regardais son feuillage et que je suivais son mouvement, il s’empara du langage en moi avec une telle brusquerie, qu’à l’instant s’accomplirent encore une fois en ma présence les noces antiques de l’arbre et du langage. Les branches et avec elles la cime se balançaient en délibérant ou pliaient en refusant ; les rameaux se montraient affectueux ou hautains ; le feuillage se rebellait contre un rude courant d’air, frissonnait devant lui ou l’affrontait ; le tronc disposait d’un fond solide sur lequel il prenait pied ; et une feuille projetait son ombre sur l’autre. Un vent léger jouait pour célébrer les noces, et aussitôt il dispersa partout dans le monde, en paroles imagées, les enfants jaillis de ce lit. »
   Walter Benjamin, Brèves ombres (II), in Critique de la violence, Petite Bibliothèque Payot/philosophie/, trad. N. Casanova, p.148-149





 Der Baum und die Sprache

  Ich stieg eine Böschung hinan und legte mich unter einen Baum. Der Baum war eine Pappel oder eine Erle. Warum ich seine Gattung nicht behalten habe? Weil, während ich ins Laubwerk sah und seiner Bewegung folgte, mit einmal in mir die Sprache dergestalt von ihm ergriffen wurde, daß sie augenblicklich die uralte Vermählung mit dem Baum in meinem Beisein noch einmal vollzog. Die Äste und mit ihnen auch der Wipfel wogen sich erwägend oder bogen sich ablehnend; die Zweige zeigten sich zuneigend oder hochfahrend; das Laub sträubte sich gegen einen rauhen Luftzug, erschauerte vor ihm oder kam ihm entgegen; der Stamm verfügte über seinen guten Grund, auf dem er fußte; und ein Blatt warf seinen Schatten auf das andre. Ein leiser Wind spielte zur Hochzeit auf und trug alsbald die schnell entsprossenen Kinder dieses Betts als Bilderrede unter alle Welt.
   Walter Benjamin, Kurze Schatten (1933). http://www.textlog.de/benjamin-baum-sprache-kurze-schatten.html



  " Comme un arbre dans la ville
  J'ai des chansons sur mes feuilles
  Qui s'envoleront sous l’œil
  De vos fenêtres serviles
  Comme un arbre dans la ville "

                                                                            & & &



 Photo 2 : photo incluse, Khalil Nemmaoui (Maroc), Série L'Arbre et la maison, sans titre #29, 2009. Expo  Photoquai 2011.                      
 Musique : Maxime Le Forestier Comme un arbre, album Mon frère (1972)

 Liens :


[1]  Anton Tchekhov, Les Trois Sœurs, acte IV. Version française de Génia Cannac et Georges Perros,  L.P. n°1448, p.229-230.
   En russe ce très beau passage :
   Тузенбах : Какие пустяки, какие глупые мелочи иногда приобретают в жизни значение, вдруг ни с того ни с сего. По-прежнему смеешься над ними, считаешь пустяками, и все же идешь и чувствуешь, что у тебя нет сил остановиться. О, не будем говорить об этом! Мне весело. Я точно первый раз в жизни вижу эти ели, клены, березы, и все смотрит на меня с любопытством и ждет. Какие красивые деревья и, в сущности, какая должна быть около них красивая жизнь!
   Чехов : Три сестры 
[2] A.Pouchkine, Prologue de "Rouslan et Ludmila". Trad. G. Arout.

      Александр Сергеевич Пушкин [1]: Вступление к "Руслану и Людмиле"
     Citation de Pouchkine reprise deux fois (actes I et IV) par Macha dans Les Trois sœurs.