« Je ne connais qu’un seul écrivain que, pour l’honnêteté, je place aussi haut, sinon plus, que Schopenhauer : c’est Montaigne. En vérité, du fait qu’un tel homme a écrit, le plaisir de vivre sur cette terre en a été augmenté. »
Nietzsche, Considérations inactuelles III et IV, 3ième partie, Schopenhauer éducateur,t rad.H.-A. Baatsch, Gallimard, folio essais, p.27
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« Montaigne habe ich immer geliebt, wie keinen zweiten. Immer bin ich zu meinem Montaigne geflüchtet, wenn ich in Todesangst gewesen bin. Von Montaigne habe ich mich lenken und leiten, ja auch führen und verführen lassen. Montaigne ist immer mein Retter und Erretter gewesen. Wenn ich allen andern schließlich mißtraut habe, meiner unendlichen großen philosophischen Familie, die ich doch nur als eine unendlich große französische philosophische Familie bezeichnen kann, in welcher es immer nur ein paar deutsche und italienische Neffen und Nichten gegeben hat, die aber alle, wie ich sagen muß, sehr früh gestorben sind, bin ich doch bei meinem Montaigne immer gut aufgehoben gewesen.
Ich habe niemals einen Vater und niemals
eine Mutter, aber immer meinen Montaigne gehabt. Meine Erzeuger, die ich
niemals Vater und Mutter nennen will, haben mich vom ersten Moment an
Abgestoßen, und ich habe die Konsequenzen aus dieser Abstoßung, schon sehr früh
gezogen gehabt und bin geradeaus in die Arme meines Montaigne gelaufen, das ist
die Wahrheit. Montaigne, habe ich immer gedacht, hat eine große, unendliche,
philosophische Familie, aber ich habe alle diese philosophischen
Familienmitglieder niemals mehr geliebt als ihr Oberhaupt, meinen Montaigne.»
Thomas Bernhard , Goethe schtirbt, Suhrkamp Verlag, 2010
« J’ai toujours aimé Montaigne comme personne. Toujours je me suis réfugié
auprès de mon Montaigne lorsque j’éprouvais cette peur mortelle. J’ai laissé
Montaigne me guider et me conduire, me mener et me séduire. Montaigne a
toujours été mon sauveur et mon secours. Quand bien même j’ai fini par me défier
des autres, de ma pléthorique famille philosophique française, qui n’a jamais compté
que quelques cousins et cousines venus d’Allemagne ou d’Italie, rapidement
disparus qui plus est, Montaigne est toujours resté pour moi une sorte de
refuge.
Je
n’ai jamais eu ni père ni mère, mais j’ai toujours eu mon Montaigne. Mes
géniteurs, que je ne saurais qualifier de père et de mère, m’ont rejeté dès
l’origine, et j’ai tôt fait de tirer les conséquences de ce rejet, me réfugiant
tout droit dans les bras de mon Montaigne, voilà la vérité. Montaigne, me
suis-je toujours dit, est à la tête d’une famille philosophique
extraordinairement prolifique, mais jamais je n’ai aimé les membres de cette
famille philosophique autant que son chef, mon cher Montaigne. »
Thomas Bernhard, Goethe se mheurt, Récits, trad. Daniel Mirsky,
Gallimard 2013, p. 51-52.
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« Ich weiss nur noch eincn Schriftsteller, den ich in Betreff der Ehrlichkeit Schopenhauer gleich, ja noch höher stelle: das ist Montaigne. Dass ein solcher Mensch geschrieben hat, dadurch ist wahrlich die Lust auf dieser Erde zu leben vermehrt worden. »Nietzsche, Unzeitgemässe Betrachtungen III-IV, Schopenhauer als Erzieher
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Précisions :
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Photo 1 : Monument à Waldeck-Rousseau (1909) par Laurent Marqueste
(1848-1920), détail. Jardin des Tuileries, Paris.
¤ Photo 2 : Moine au livre. Exposition « Larmes d’albâtre, les Pleurants du tombeau de Jean sans Peur, duc de Bourgogne », Musée de Cluny, Paris, février-juin 2013.
Liens :
¤ Thomas Bernhard dans Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Bernhard
¤ Th. Bernhard, Montaigne , Deutsch Vollversion : http://www.zeit.de/1982/41/thomas-bernhard-montaigne/seite-3
¤ Monument à Waldeck-Rousseau : http://www.nella-buscot.com/jardins_paris_tuileries_monuments.php
¤ Nietzsche en allemand (corrigé), extrait en ligne de Nietzsche and the French by W. D. Williams, University of Oxford : https://archive.org/stream/nietzscheandthef033310mbp/nietzscheandthef033310mbp_djvu.txt
¤ Nietzsche, Les Considérations inactuelles sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Consid%C3%A9rations_inactuelles
Ce que fait la maladie à la pensée :
RépondreSupprimer"Je ma taste au plus espais du mal et ay toujours trouvé que j'étois capable de dire, de penser, de respondre aussi sainement qu'en un autre heure, mais non si constamment, la douleur me troublant et détournant"...
Ce que fait la pensée à la maladie :
"Aux intervalles de cette douleur excessive... je me remets soudain en ma forme ordinaire... ce que je doy certainement au soing que j'ai eu à me préparer par discours à tels accidents..."
Essais, Livre II, chapitre XXXVII
On devrait être dans Montaigne plus souvent !