mardi 19 septembre 2017

Je suis belle






LA BEAUTÉ

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!                                                                                                                                    Baudelaire, Les Fleurs du mal, in O.C., l’Intégrale, éd. du Seuil, p.53













Érotisme de la mémoire

Cuisses de Diane
Ventre de Diane
Seins de Diane
Yeux de Diane

Le petit jour point dans la forêt où tout est orange !
Sauf le tronc marqué de craie des bouleaux.
                      
    C’est là près de cet arbre aux feuilles vieillissant avant la saison que j’ai  rencontré Diane dans une attitude naturelle mais rarement décrite dans les poèmes.
     Les fesses ovales se dessinaient entre le désordre du linge et le vert gris tendre de l’herbe
Dans un sentier voisin le pas d’un garde retentit
Il passa sans qu’on le vît.
Tandis que Diane se dissolvait dans le jour,                                                         comme le croissant de la lune.
A cet endroit de la forêt il y a les débris d’une bouteille
Un vieux livre que les pluies et les rosées renvoient au terreau
Une plume d’oiseau
Un morceau de silex
Une empreinte de pas profondément marquée dans la terre
Et quelqu’un, peut-être, passera là au jour et à l’heure de ma mort
Ô vie, enivrante vie
Aveuglante et bienfaisante.

   Robert Desnos, Les portes battantes, in Œuvres, Quarto Gallimard, p.809

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         Liens
 ¤ Peu de chose à propos de Denis Gélin, auteur de la sculpture de pierre (photos de face et de dos ici) sise à la Commanderie Saint-Jean, Corbeil-Essonnes, sinon ceci :
Denis Gélin (1896-1979)
Né à Château-Landon, en Seine-et-Marne, le 31 janvier1896.
Décédé à Vaux-le-Pénil, en Seine-et-Marne, le 7 février 1979

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